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pas les joints. Le tout d’une belle convenance et d’une matière brillante et plaisante. De chaque côté de la porte, et pour son bon air, à la distance de deux pas, se tenaient encore debout deux grandes et superbes colonnes dont le socle était enfoui sous les ruines. Écartant de mon mieux tous ces débris, je découvris et mis à nu les bases en airain, matière qui était celle aussi des chapiteaux excellemment exécutés. Je me donnai le plaisir de mesurer l’épaisseur d’une base, et je vis qu’en la doublant, j’obtenais le diamètre exact de la partie inférieure de la colonne, dont je trouvai que la longueur totale égalait vingt-huit coudées.

Ces deux colonnes voisines de la porte étaient de très-fin porphyre et de très-gracieux serpentin. Deux autres colonnes étaient des cariatides striées ou cannelées et très-bien faites. En outre de ces colonnes, il y en avait encore d’autres à gauche et à droite, modérément espacées, en marbre de Laconie extrêmement dur. Le demi-diamètre de la circonférence du plan inférieur de la colonne donnait l’épaisseur de sa base qui se composait des tores, de la scotie ou trochile, et de la plinthe. En divisant ce demi-diamètre en trois parties, on en devait attribuer une à la hauteur de la plinthe dont la largeur mesurait un diamètre et demi. En divisant en quatre parties les deux autres tiers du demi-diamètre, le tore supérieur en prenait une ; en divisant en deux parties égales les trois autres réunies, une était pour la scotie ou trochile, l’autre pour le tore inférieur. Les filets avaient chacun le septième de l’ensemble. Telle était la mesure que je trouvai suivie avec goût par les habiles ouvriers.

Sur les chapiteaux réguliers des susdites colonnes courait une élégante architrave ou épistyle dont la face inférieure était ornée de billettes ou patenôtres, la seconde d’un filet de fuserolles tronquées séparées par