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raissait enfermé entre l’un et l’autre mont, ainsi que dans un retranchement. Je pensai d’instinct que c’était chose digne d’être considérée, aussi pressai-je d’autant, en cette direction, ma marche déjà précipitée. Plus j’approchais, plus cette œuvre magnifique me paraissait immense, plus augmentait aussi mon désir de l’examiner. Déjà cela ne me semblait plus être un gigantesque observatoire, mais
bien un très-haut obélisque fondé sur une énorme base en pierre. Sa hauteur dépassait de beaucoup celle des monts qui le flanquaient, eussent-ils été l’Olympe, le Caucase ou le Cyllène[1]. Parvenu à cet endroit désert, je fis une pause, inondé du plaisir inimaginable d’admirer à loisir un édifice d’un art aussi audacieux, d’une structure aussi colossale, d’une hauteur si prodigieuse.

  1. Mont Cyllène, dans l’ancienne Arcadie, aujourd’hui Zyria.