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On vit voler son âme,
Mironton, mironton, mirontaine,
On vit voler son âme,
À travers les lauriers.

Chacun mit ventre à terre,
Mironton, mironton, mirontaine,
Chacun mit ventre à terre,
Et puis se releva.

Pour chanter les victoires,
Mironton, mironton, mirontaine,
Pour chanter les victoires,
Que Malbrough remporta.

La cérémonie faite,
Mironton, mironton, mirontaine,
La cérémonie faite,
Chacun s’en fut coucher.

Les uns avec leurs femmes,
Mironton, mironton, mirontaine,
Les uns avec leurs femmes,
Et les autres tout seuls.

Ce n’est pas qu’il en manque,
Mironton, mironton, mirontaine,
Ce n’est pas qu’il en manque,
Car j’en connais beaucoup.

Des blondes et des brunes,
Mironton, mironton, mirontaine,
Des blondes et des brunes,
Et des châtaign’s aussi.

J’ n’en dis pas davantage,
Mironton, mironton, mirontaine,
J’ n’en dis pas davantage,
Car en voilà z-assez.


CHANSON DE TABLE.
Paroles de Désaugiers.
AIR : Aussitôt que la lumière.


Aussitôt que la lumière
Vient éclairer mon chevet,
Je commence ma carrière
Par visiter mon buffet.
À chaque mets que je touche,
Je me crois l’égal des dieux,
Et ceux qu’épargne ma bouche
Sont dévorés par mes yeux.

Boire est un plaisir trop fade
Pour l’ami de la gaîté :
On boit lorsqu’on est malade,
On mange en bonne santé.
Quand mon délire m’entraîne,
Je me peins la Volupté
Assise, la bouche pleine,
Sur les débris d’un pâté.

À quatre heures, lorsque j’entre
Chez le traiteur du quartier,
Je veux que toujours mon ventre
Se présente le premier.
Un jour, les mets qu’on m’apporte
Sauront si bien l’arrondir,
Qu’à moins d’élargir la porte,
Je ne pourrai plus sortir.

Un cuisinier, quand je dîne,
Me semble un être divin,
Qui du fond de sa cuisine
Gouverne le genre humain.
Qu’ici-bas on le contemple
Comme un ministre du ciel,
Car sa cuisine est un temple
Dont les fourneaux sont l’autel.

Mais, sans plus de commentaires,
Amis, ne savons-nous pas
Que les noces de nos pères
Finirent par un repas ?
Qu’on vit une nuit profonde
Bientôt les envelopper,
Et que nous vînmes au monde
À la suite d’un souper ?

Je veux que la mort me frappe
Au milieu d’un grand repas ;
Qu’on m’enterre sous la nappe
Entre quatre larges plats ;
Et que sur ma tombe on mette
Cette courte inscription :
« Ci gît le premier poète
« Mort d’une indigestion.

(Publié par F. Martinn.)

Paris. — Imp, Turfin et Ad. Juvet, 9, cour des Miracles.