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LES SALMIGONDIS.


nible de ma tâche sera achevée. Mais l’heure de l’angélus était venue, et la cloche ne se faisait pas entendre. Tout était silencieux et désert autour d’elle. On n’entendait d’autre bruit que celui d’un léger vent dans les branches à demi sèches, et l’écho de ses pas tremblans. L’obscurité devint complète, et le désespoir s’empara de son cœur. Tout-à-coup elle distingue à travers les arbres une faible lumière ; elle suit ce rayon consolateur, et il la conduit à une petite auberge, où la vue d’une femme d’un aspect bienveillant et l’assurance d’un sûr abri dissipa sa terreur et la remplit de reconnaissance envers le ciel.

En la voyant si fatiguée, la bonne hôtesse s’empressa de lui donner quelque chose à manger, et de lui préparer un lit. « Je suis fâchée, madame, » dit-elle très-bas, en la conduisant dans un petit recoin bas et obscur, « de ne pouvoir vous accommoder mieux ; mais ma meilleure chambre est occupée par un cavalier malade, et dans ce moment il dort, justement derrière cette cloison. Pauvre gentilhomme ! je pensais vraiment qu’il ne se relèverait jamais, et sans doute s’il doit la vie à quelqu’un, c’est au cavalier qui l’a soigné et le soigne encore main-