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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


au milieu d’un pays agreste, son entreprise lui sembla gigantesque. Le soleil la brûlait ; les pierres, les ronces des chemins montagneux, déchiraient, blessaient ses pieds délicats ; mille craintes l’assaillaient à l’approche de la nuit ; enfin, d’après le conseil d’une prudente aubergiste, elle acheta une mule, et malgré ce secours, ce ne fut que trois jours après son départ qu’elle gagna Empoli. Elle traversa l’Arno, entra dans les sombres forêts des Apennins, et ses frayeurs, son découragement redoublèrent lorsqu’elle se trouva isolée au milieu de ces vastes solitudes. Les clochers des couvens lui servaient de phares, et son habit lui procurait un asile dans leurs murs ; mais que de fois elle s’égara dans les détours de ces sauvages allées ! Souvent elle croyait s’être éloignée du refuge qu’elle cherchait, quand elle l’apercevait tout-à-coup à l’issu d’un bois épais.

Le soir du septième jour de son pélerinage, elle se perdit à travers un labyrinthe de collines escarpées. Le soleil baissait, elle n’espérait plus pouvoir atteindre avant la nuit le couvent bâti sur leurs sommets, d’où elle comptait partir le lendemain matin pour arriver dans la journée à Bologne. Alors, se disait-elle, la partie la plus pé-