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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


vite le terme de son voyage. Cependant il savait que son arrivée à ce terme ne le rapprocherait pas du but réel qu’il se proposait ; et il nomma Flora cruelle, ingrate, jusqu’à ce que le souvenir de son adieu plein de douceur vînt ranimer son courage.

Il s’arrêta la première nuit a Empoli, et traversant l’Arno, il monta les Apennins du côté du nord, et pénétra dans leurs profondes vallées couvertes de sapins. Malgré son impatience, les difficultés de la route l’obligeaient à marcher lentement. Enfin, le troisième jour il arriva devant une petite auberge rustique, cachée au milieu d’un bois et sans doute rarement visitée par des voyageurs. L’ardeur du soleil rendit ce refuge agréable à Fabiano ; il conduisit son cheval à l’écurie qu’il trouva déjà à moitié occupé par un beau coursier noir, puis il entra dans l’intérieur de l’auberge et demanda quelques rafraîchissemens. Il eut peine à les obtenir. L’hôtesse était la seule domestique de la maison, elle fut long-temps avant de paraître, et lorsqu’elle vint enfin, son visage portait l’empreinte de l’inquiétude et du chagrin. Un cavalier était arrivé chez e]le, malade, probablement mourant d’une fièvre maligne. Son cheval,