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LES SALMIGONDIS.


comme par instinct, le chemin de ce bosquet, où il l’avait si souvent accompagnée, lorsque, dans sa convalescence, elle soutenait encore sa marche incertaine. Le même sentiment les avait conduits l’un et l’autre en ce lieu. Mais Flora s’alarma de l’y voir, car son secret était sur le bord de ses lèvres. Chacun d’eux cachait une pensée qui l’occupait fortement ; aussi leur entretien fut court ; ils ne dirent pas un mot de ce qui remplissait leur cœur, et se séparèrent avec un simple bonsoir, comme, s’ils étaient sûrs de se retrouver le lendemain. Dans cette entrevue, Flora e montra plus sensible à l’affection de Fabiano bien qu’elle lui parlât peu, qu’elle ne l’avait paru depuis qu’il s’était déclaré son amant. Elle croyait pouvoir accorder quelques regards de douce pitié à l’ennemi généreux de son frère, que quand elle songeait que dans quelques heures il éprouverait un chagrin si violent. L’ame du pauvre jeune homme, prête à défaillir à l’instant de quitter celle qu’il aimait, recueillit avec transport ces légers indices de sympathie.

Fabiano passa la nuit à la villa, et partit de très bonne heure pour Milan. Il pressait son cheval comme s’il ne pouvait atteindre assez