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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


les massifs d’arbres pour aller dire adieu sans témoins à un lieu consacré par de doux souvenirs. Un torrent s’y précipitait du haut d’un rocher voisin dans un bassin naturel, qu’ombrageait un bosquet touffu ; de là, il descendait, par une pente moins rapide, jusqu’au fond d’un ravin, où il coulait paisiblement. Flora aimait cette sauvage retraite. Le demi-jour produit par les branches entrelacées, le flux perpétuel, le bruit imposant de la cascade, le bouillonnement de ses eaux dans le bassin, leur doux murmure en s’échappant par-dessus ses bords, cette invariable succession d’accidens variés, tout cela s’accordait avec la mélancolie de ses pensées et leur uniforme enchaînement. En approchant pour la dernière fois de la cascade limpide, une larme brilla dans ses yeux ; son attitude indiquait un tendre regret : ses longues tresses, qui tombaient dans un gracieux désordre, son voile léger, sa parure élégante et simple, se réfléchissaient dans le miroir des eaux. Elle crut tout-à-coup distinguer des pas plus fermes que ceux d’Angelina, et Fabiano lui-même s’offrit à sa vue. Ne pouvant se résoudre à partir sans la voir une fois encore, il était venu la chercher à la villa, et, ne l’y trouvant point, il avait pris,