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LES SALMIGONDIS.


ce point de départ. Il était d’abord plus facile d’échapper de là sans être aperçue ; ensuite, elle désirait éviter la vue du comte et de sa mère au moment où elle était prête a leur infliger une aussi vive peine, malgré la reconnaissance et l’attachement qu’elle avait pour eux. Elle avait passé les premières heures de la matinée à méditer, en parcourant les jardins de la villa, sur sa fuite, sur sa conduite subséquente dans le cas où sa démarche n’aurait aucun résultat heureux, enfin à regretter la tranquillité de sa vie, maintenant à jamais attristé par le malheur de Fabiano, remplie d’amertume par la perte de Lorenzo. Elle n’était pas seule ; forcée de se confier à quelqu’un pour les mesures qu’exigeait son excursion, elle avait choisi la plus jeune de ses anciennes compagnes, la petite Angelina. La pauvre enfant mourait de peur à l’idée de ce qu’elles allaient entreprendre ; mais elle n’osait pas faire des représentations à son amie, et rien au monde n’aurait pu la décider à la trahir. Vers le soir, toutes deux se rendirent dans le bois attenant à la villa. Flora avait apporté sa harpe, mais ses doigts tremblans refusant de faire résonner les cordes, elle laissa l’instrument, elle laissa sa compagne, et s’enfonça dans