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LES SALMIGONDIS.


cela avait été fait avec tant de délicatesse, qu’il paraissait que les Siennois avaient changé spontanément d’opinion à l’égard de la famille proscrite ; mais cette conduite généreuse exigeait et obtint pleinement la reconnaissance de Flora. Cependant ces appels tacites à sa tendresse la touchaient faiblement dans l’état d’anxiété, presque de désespoir, où la jetait le sort de son frère. Enfin elle ne put supporter plus longtemps cette cruelle incertitude et les regard de reproche de la mère et des amis de Fabiano. Il était loin d’en agir ainsi envers elle ; il lisait dans son cœur, et cessa de lui parler de ses propres sentimens pour ne s’occuper que des craintes que l’on pouvait concevoir sur la destin du noble exilé. Plus le temps avançait, moins on espérait le revoir. Flora s’était déterminée, à l’expiration du terme de son engagement, à s’éloigner pour toujours de Fabiano, si son frère ne lui était pas rendu à cette époque. D’abord elle pensait à se réfugier dans un cloître ; toutefois elle se souvint que Lorenzo s’était montré tout-à-fait opposé à ce parti, puisqu’il avait préféré la confier aux soins de son ennemi. D’ailleurs, à son âge, et en dépit d’elle-même, son ame ne pouvait renoncer totalement