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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


chant presque de l’amour, cette affection était bien légère, comparée à ce culte que son ame rendait à Lorenzo, à cette passion profonde qui faisait partie de sa substance. La froideur avec laquelle les soins de son amant étaient reçus, lui attira les reproches de la comtesse, qui s’indignait de ce qu’elle appelait son insensibilité. Elle supportait ces reproches avec tant de douceur, que Fabiano l’en aima davantage ; et comme elle reconnaissait la déférence qu’elle lui devait en sa qualité de tuteur, cette autorité qu’il eût, de tout cœur, changée pour le bonheur de recevoir ses ordres, il l’employa pour obtenir qu’elle reprît dans la société le rang qui convenait à sa na1ssance, et occupât chez lui la place d’une sœur. Elle eût préféré la retraite, mais ell crut pouvoir se livrer sans scrupule à sa complaisance naturelle en cette occasion, sachant bien que sa résolution était irrévocablement prise sur un sujet bien plus important.

La cinquième année de l’absence de Lorenzo allait finir : il ne revenait point, et l’on n’avait de lui aucunes nouvelles. Le décret de son bannissement fut rapporté, ses biens rendus, son palais reconstruit, par les soins de Fabiano. Tout