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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


prononcé une seule exclamation, Fabiano l’interrompit en la suppliant de ne pas détruire ce qu’il avait eu tant de peine à préparer. Il la prit à part, lui expliqua toutes chose de manière à la persuader de l’innocence de Flora et de l’irrésistible passion qu’elle lui avait inspirée malgré les efforts qu’il avait faits lui-même pour s’en défendre, et la fermeté qu’elle mettait à rejeter ses vœux. Accoutumée à céder aux désirs de son fils, la comtesse ne put résister à ses prières, à la vue de son agitation profonde. Le récit de sa maladie, l’assurance qu’elle reçut, non-seulement de lui, mais de tous les habitans de la maison, que, sans les soins de Flora, il aurait péri, la déterminèrent à solliciter elle-même pour le jeune comte la faveur de la fille de Mancini.

Flora, élevée jusqu’à l’âge de douze ans par un homme qui ne consulta jamais ses penchans lorsqu’il s’agissait de remplir un devoir, ne comprenait point qu’elle pût faire une chose par la seule raison qu’elle était agréable, soit à elle, soit à d’autres. Après le départ de son frère, entièrement livrée à elle-même, Flora avait conservé religieusement les principes qu’il lui avait inculqués et la fière indépendance de son ca-