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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


Mais Flora ne désirait pas renouveler une scène, des discours violens, si contraires à son caractère. Elle prit la résolution d’employer d’autres moyens pour détruire le malheureux sentiment qu’elle avait inspiré à son protecteur. Elle évitait sa société, et lorsqu’elle était forcée d’être avec lui, elle affectait une froideur si glaciale, gardait un silence si obstiné, repoussait avec tant de constance tout ce qu’il disait pour la toucher, que si le jeune comte n’eût pas été soutenu par une passion que l’espérance accompagne toujours, il n’aurait pu supporter sa situation. Il cessa enfin de parler de son amour, afin de regagner la confiance qu’on lui montrait auparavant.

Ce n’était pas chose facile. Flora ressemblait à un jeune oiseau échappé au piège ; un mot, un rien l’effarouchait, la faisait fuir. Toutefois son innocence et sa candeur la disposèrent bientôt à croire que ses alarmes avaient été exagérées, et à reprendre les habitudes d’intimité qui avaient existé précédemment entre eux. Par degrés Fabiano revint cependant à des insinuations sur son attachement ; il était, disait-il, involontaire ; il ne demandait aucun retour ; il attendait l’arrivée de Lorenzo, qui ne devait pas être éloignée. Flora ne pouvait le quereller à chaque parole