Page:Le Salmigondis tome 3 1832.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LES SALMIGONDIS.


combattre dans l’intérêt de son amour, que ses préjugés, ceux de sa mère et de sa famille. Mais sa passion ne l’eut pas plus tôt déterminé à surmonter ces obstacles, qu’il craignit d’en rencontrer de plus difficiles à vaincre du côté de Flora. En effet, le premier mot d’une tendresse timidement exprimée, résonna à ses oreilles comme un blasphème, et, pleine de trouble, et même de colère, elle répliqua :

— « Vous oubliez, je pense, et qui je suis et qui vous êtes. Sans parler d’anciennes querelles, bien suffisantes pour nous diviser, sachez que je vous hais comme le wmeurtrier de mon frère. Rendez-le moi, Lorenzo, faites q’il soit rappelé de son exil, gagnnez son estime, son approbation, et quand ces choses, que je crois impossibles, seront arrivées, alors vous pourrez me tenir un langage que je ne puis entendre maintenant. » En achevant ces paroles, elle s’éloigna pour cacher des flots de larmes que ce qu’elle appelait une insulte avait provoqués, et pour déplorer, plus amèrement que jamais, l’absence de son frère et sa propre dépendance.

Cependant Fabiano aimait trop ardemment pour être aussi facilement réduit au silence.