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LES SALMIGONDIS.


cîmens exprimés d’un ton absolument différent de sa manière accoutumée, et il ne dit pas un mot sur la possibilité de la revoir.

Elle se croyait délivrée d’un assujétissement importun, mais a sa grande surprise, les journées lui semblèrent d’une longueur et d’un ennui mortel, et à sa très-grande mortification, elle s’aperçut que son esprit ne s’occupait plus uniquement et spontanément de son frère. Quelques semaines de soins étrangers avaient donc pu troubler le cours de ces rêves qui remplissaient toute son existence ! Cependant elle commençait à reprendre avec zèle ses travaux et ses méditations ordinaires, quand Fabiano revint, une semaine après son départ. Il la trouva cueillant des fleurs pour orner l’autel de la Vierge, et lorsqu’elle aperçut le comte, son visage devint aussi vermeil que les roses qu’elle tenait. Il paraissait moins bien qu’il ne l’était en quittant la campagne ; ses joues creuses, ses yeux abattus excitèrent l’inquiétude de Flora ; mais les questions affectueuses qu’elle lui adressa, le ranimèrent quelque peu. Il lui baisa la main, et demeura debout à côte d’elle, tandis qu’elle achevait son bouquet. A voir le tendre intérêt avec lequel il suivait tous les mouvemens de