Page:Le Salmigondis tome 3 1832.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
LE FRÈRE ET LA SŒUR.


gieuse reconnaîtrait les vertus d’un hérétique ; et tandis qu’il s’efforçait d’augmenter le plaisir qu’elle pouvait trouver dans sa société, elle conservait dans le secret de son cœur, croyant par là satisfaire à ce qu’elle devait à son frère, un reste obstiné, mais non hostile de haine de famille. Toutes les fois qu’elle y pensait (ce qui devenait, il est vrai, de plus en plus rare) elle prenait un ton froid et cérémonieux, et voyait avec satisfaction qu’il en paraissait profondément mortifié.

Deμx mois s’étaient écoulés, et il semblait si parfaitement rétabli, que Flora commença à s’étonner qu’il ne retournât pas à Sienne. Pour remplir son devoir, elle se dit qu’elle souhaitait qu’il partît ; mais comme son teint n’avait pas repris sa fraîcheur, et que ses pas étaient encore mal assurés, en sa qualité de garde-malade, jalouse de compléter sa bonne œuvre, elle répugnait à le voir reprendre trop tôt la vie agitée de la ville. Enfin, deux ou trois de ses amis étant venus le visiter, il consenti a revenir avec eux à Sienne ; déterminé, sans doute, par les regards significatifs qu’ils jetèrent sur sa jolie garde. Il prit congé d’elle avec une respectueuse civilité et une profusioμ de remer-