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LES SALMIGONDIS.


administrer au pauvre blessé. Il lui semblait pénible, sans doute, d’être sans cesse près du rival, de l’ennemi de Lorenzo ; mais elle fit céder ses sentimens au devoir, et l’habitude lui rendit bientôt sa tâche facile. A mesure qu’il revenait à la santé, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer l’expression animée et spirituelle de ses traits, et la bonté, la franchise de ses manières. Dans ses rapports avec elle, ses attentions pleines de délicatesse, ses soins respectueux, parvinrent même à lui plaire. Ses discours étaient variés, piquans ; sa mémoire était richement meublée de fabliaux, de nouvelles, de romans, et comme il s’aperçut qu’elle y prenait un vif intérêt, il tâchait d’en avoir toujours quelqu’un de préparé pour la retenir auprès de lui. Ces histoires romanesques lui rappelaient les aventures qu’elle attribuait à son frère dans son imagination ; et les contes de pays étrangers surtout, avaient tant de charmes pour elle, que Fabiano ne se serait jamais lassé de les dire, pourvu qu’il eût le bonheur de contempler les émotions variées qui animaient le charmant visage de Flora, pendant qu’elle les écoutait. Toutefois elle ne reconnaissait les qualités aimables du comte, que comme une reli-