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LES SALMIGONDIS.


vue de leur seigneur ; sans songer à le secourir. Le premier mouvement de l’orpheline fut de s’éloigner de ce triste spectacle, mais un second regard sur le front livide du jeune comte, lui fit distinguer un mouvement de ses paupières ; elle remarqua aussi que le sang ruisselait à travers les boucles de ses cheveux, jusque sur le plancher. — « Il n’est pas mort, son sang coule, » dit-elle. « hâtez-vous d’aller chercher un médecin. » Elle courut en même temps chercher de l’eau, en jeta quelques gouttes sur le visage du blessé, fit éloigner la foule qui l’empêchait de recevoir l’impression salutaire de l’air frais, et bientôt il donna des signes de vie qui rassurèrent les bons villageois, aussi prompts à se livrer à l’espérance qu’à la crainte. Quand le chirurgien arriva, il dit que la blessure, quoique dangereuse, n’était point mortelle.

Flora voulut être sa garde, et remplit ce devoir avec une constante assiduité. Elle le veillait la nuit, et passait la journée à côté de son lit dans cet esprit d’humilité et de charité chrétienne qui anime une sœur hospitalière quand elle donne ses soins aux pauvres malades. Pendant plusieurs jours l’ame de Fabiano semblait prête à quitter ce monde, et l’état de faiblesse