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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

Quelquefois elle portait son métier sous les treilles du jardin ; mais lorsqu’il faisait trop chaud pour rester dehors, elle se tenait près d’une fenêtre ombragée par des plantes grimpantes qui donnait sur un profond ravin, au-delà duquel était un bois majestueux. Un jour que ses doigts étaient occupés à imiter sur le canevas un lévrier qui faisait partie d’un tableau de chasse qu’elle achevait pour la comtesse, un cri perçant et plaintif vint frapper son oreille, et fût suivi presque aussitôt par un bruit de chevaux, de pas d’hommes, de voix confuses. On entrait par le côté de la villa opposé à l’endroit où se trouvait Flora ; mais comme le bruit continuait, elle se levait pour aller près de Sandra en demander la cause, quand celle-ci entra dans la chambrre en criant − « O mademoiselle ! il est mort ! venez, venez à son secours ; il a été renversé de son cheval, il ne parle plus ! » Flora s’imagina qu’on lui ramenait son frère expirant, et dans son effroi elle devança la vieille femme dans la grande salle où elle vit, couché sur un litière de branches d’arbres, le corps inanimé du comte Fabiano. Il était entouré de paysans et de domestiques, tous levant les mains au ciel en poussant des cris effrayans à la