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LES SALMIGONDIS.


Milan par un pèlerin qui remit a Flora, de la part de Lorenzo, une croix d’or, un moi après le départ de ce dernier. Elle ignorait s’il avait pris la route de France, d’Allemagne ou de la Terre-Sainte en sortant de Milan ; et son imagination se le figurait tour-à-tour dans chacune de ces contrées, et supposait une suite d’événemens qui avaient pu lui arriver. Tantôt elle le voyait fatigué d’une marche pénible, partageant les dangers, les privations des soldats, et ses yeux se remplissaient de larmes ; puis elle le voyait distingué par son courage, et comblé d’honneur par les souverains ; ses joues se coloraient à l’idée flatteuse des éloges que recevait son frère bien-aimé ; elle se représentait avec délice son air noble et modeste devant les grands, les princes, qui s’empressaient de récompenser un mérite et des vertus si rares. Alors la belle enthousiaste s’arrêtait tout-à-coup ; ses douce illusions disparaissaient comme une ombre légère ; sa raison plus calme lui démontrait que s’il eût réussi comme elle l’espérait, il serait revenu lui faire part de sa prospérité ; et son cœur lui suggérait des motifs bien plus tristes pour la prolongation de l’absence de son cher Lorenzo.