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LES SALMIGONDIS.


le temps de son absence dan une villa que les Tolomei possédaient au milieu d’une vallée sauvage des Apennins.

La comtesse partit pour son soi-disant dévot pélerinage dans toute la pompe et l’orgueil de son rang, et Flora fut conduite en même temps dans son asile champêtre. La villa n’était habitée que par le paysan qui cultivait la ferme, ou podere, et sa famille, et par une vielle femme de charge. La gaieté, la liberté de la campagne, dans ce pays romantique, semblèrent délicieuses à la jeune fille, et la vie qu’elle y menait convenait bien mieux à ses habitudes méditatives que celle du palais Tolomei, où, forcée de se tenir presque toujours renfermée, le babil souvent importun de ses compagnes était sa seule distraction. Le printemps commençait à déployer les beautés variées qu’il répand avec une si riche profusion sur ces heureuses terres. L’amandier, le pêcher étaient en pleine fleur ; le vigneron, perché avec sa serpette dans les branches des arbres, chantait joyeusement en taillant les festons de vigne. Des bourgeons prêts à sortir de leurs enveloppes rosées, des boutons, des fleurs à demi épanouies, montraient de toutes parts l’influence du renouvellement