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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


obligée d’en suivre les réglemens. Cependant elle travallait avec plus d’assiduite que jamais à ses ouvrages de tapisserie, parce que la comtesse les aimait, et qu’elle pensait ainsi se reconnaître à quelque degré de la protection qui lui était ac>cordée. Jamais elle ne prononcait le nom de Fabiano, etmême elle imposait silence à ses compagnes lorsque celles-ci voulaient parler de lui ; mais elle le faisait dans des termes honorables : − « C’est un ennemi générteux, je l’avoue, » disait-elle ; « toutefois c’est mon ennemi, et tant que je me ressouviendrai que mon frère est errant sur la terre, exilé de son pays et que Fabiano Tolomei en est la cause, il me sera penible de l’entendre nommer. »

Après quelques mois passés dans une réclusion complète, un changement survint dans la vie de Flora. La comtesse prit la résolution soudaine d’aller à Rome pendant les fêtes de Pâques. Les compagnes de l’orpheline étaient folles de joie en songeant aux plaisirs que leur promettait ce voyage, et la plaignaient sincèrement de se priver, par le sentiment de sa dignité, de faire partie de la suite de leur maîtresse ; car on avait dit que Flora n’accompagnerait point cette dame, et demeurerait, tout