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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


où il avait reçu cette noble marque de confiance, le comte, grace au soin constant que sa pupille prenait de l’éviter, ne l’avait point revue. Elle répondit à sa demande par un salut affirmatif, mais son cœur oppressé ne lui permit pas de proférer une seule parole. Fabiano courut à sa mère et lui dit : « J'espère pour votre honneur, madame, que ce que je vois aujourd’hui arrive pour la première fois. Si la triste fortune de cette jeune demoiselle doit rendre au moins momentanément la retraite, l’obscurité convenables pour elle, il serait indigne de nous de faire une suivante du rejeton de l’une des plus nobles familles d’Italie. Que jamais un pareil reproche ne puisse nous être adressé, je vous en supplie ; autrement, comment pourrai-je faire honneur à ma parole, me justifier auprès de son frère de cette honteuse dégradation ? »

—— « Devais-je donc faire ma compagne, mon amie, d’une Mancini ? » répliqua la comtesse rougissant de colère.

—— « Je ne vous demande de faire aucune chose qui puisse vous déplaire, ma mère, » reprit Fabiano ; « mais Flora est ma pupille et non votre suivante : permettez-lui de se retirer. Sans doute elle aimera mieux rester dans la solitude