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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

Quelques-uns de ces discours avaient été malicieusement rapportés à la mère du jeune comte, qui adorait son fils, qui le regardait comme l’ornement, le délice de sa maison et de son pays. Elle adressa d’amers reproches à Flora, et pour la première fois, celle-ci les écouta sans la moindre marque de regret ou de soumission. Depuis ce moment, sa situation devint tous les jours plus fâcheuse. Son unique ressource était de fuir les regards des habitans du palais, et de songer dans sa profonde solitude aux perfections de ce frère, dont l’absence prolongée la désolait.

Deus ou trois années s’étaient ecoulées, et Flora n’était plus une jolie enfant, mais une séduisante beauté de quinze an. Semblable à une fleur dont les pétales les plus brillans sont encore fermés, ses charmes à peine développés n’en étaient que plus attrayans. Ce fut dans ce temps, qu’à l’occasion du. passage d’un prince français, la comtesse, son fils et une nombreuse compagnie, composée de leurs parens et de leurs suivans, se disposèrent à sortir de la ville pour aller à la rencontre de l’illustre voyageur. Tandis qu’ils étaient rassemblés dans la grande salle du palais du comte,