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LES SALMIGONDIS.


destructeur de Lorenzo, la cause de son exil périlleux. Les qualités les plus aimables du premier lui paraissaient méprisable. et futiles ; et sa personne ne pouvait lui plaire parce qu’elle était l’opposé de son type de beauté. Ses yeux d’un bleu clair et d’une expression douce et gaie, son teint blanc et frais, sa taille svelte et gracieuse, ses cheveux châtains légèrement bouclés, sa voix dont les accens, lorsqu’il chantait, inspiraient l’amour et la tendresse, son esprit brillant et vif, son inaltérable bonne humeur, tout cela n’était que frivolité, fatuité impertinente au jugement de celle qui révérait le souvenir du noble et sérieux Lorenzo, dont l’ame s’était toujours occupée de hautes pensées, dont l’existence était dévouée à de magnanimes sacrifices, dont le courage indomptable et la bienveillante courtoisie offraient le plus haut degré de perfection de son sexe. Combien ces vertus paraissaient à Flora au-dessus du séduisant papillonage de Fabiano ! « Que l’on me parle d’un aigle, » disait-elle quelquefois, « mes yeux se dirigeront vers le ciel, pour contempler un de plus beaux ouvrages de la nature ; mais on rougirait d’arrêter un seul regard sur l’insecte éphémère destiné à briller un seul instant, sans laisser aucun souvenir. »