Sienne, ou des dépendans de la maison Tolomei. Le temps de l’exil de Mancini était déjà trop éloigné pour que ces jeunes esprits eussent pu recevoir des semences de haine contre cette famille ; et leurs rapports journaliers avec la douce orpheline devaient nécessairement leur inspirer un vif attachement pour elle. Exempte d’égoïsme et d’envie, modeste, toujours prête à obliger, c’était pour elle un plaisir quand il se
présentait une occasion d’aider ses compagnes dans leurs travaux à l’aiguille, et, bien que parfaitement prudente et réservée elle-même, elle écoutait complaisamment leurs petites aventures sentimentales, soit pour leur donner de bons avis, soit pou les assister dans quelque difficulté. Tels étaient les moyens qui lui gagnèrent ces cœurs ingénus. Elles l’appelaient un ange, la regardaient comme une sainte sur la
terre, la révéraient intérieurement bien plus que la comtesse elle-même.
Un seul sujet avait le pouvoir de troubler la douce mélancolie de Flora. Les louanges qu’elle entendait sans cesse prodiguer au comte Fabiano, au rival heureux, à l’oppresseur de son frère, ajoutaient un poids insupportable à ses nombreux chagrins. Elle haïssait Fabiano comme le