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LES SALMIGONDIS.


haine profonde contre les derniers, et n’avait jamais accordé un sourire à la malheureuse orpheline. Flora se soumettait sans murmure à tout ce qui lui était commandé, encouragée par l’idée que ces souffrances lui avaient été imposées par Lorenzo, et se consolant dans les momens où sa mortification était prête à surmonter sa patience, en se disant qu’elle partageait ainsi l’adversité que son frère endurait sans doute loin de ses yeux. Ainsi elle plia sa fierté naturelle à endurer, sans se plaindre, les airs hautains, les parole offensantes de sa protectrice, ou plutôt de sa maîtresse, qui n’était point une méchante femme, mais qui croyait louable de maltraiter une Mancini. Souvent, il est vrai, la jeun fille ne voyait, n’entendait point les choses offensantes que la comtesse dirigeait contre elle : ses pensées étaient loin des lieux qu’elle habitait, et le chagrin de l’absence de son frère pesait trop fortement sur son cœur pour lui permettre de donner plus que quelques soupirs passagers à ses injures personnelles.

Cependant si la comtesse se montrait dédaigneuse et repoussante envers Flora, il n’en était pas de même de ses compagnes. C’étaient de bonnes et aimables filles de la bourgeoisie de