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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


tude n’est point bornée à moi seul. Mon père mourant m’a légué cet enfant, ma sœur orpheline. Jusqu’à ce jour j’ai veillé sur elle avec une tendresse paternelle. Maintenant, je remplirais mal la charge qui m’a été confiée si j’arrachais cette tendre fleur de son sol natal pour la transporter avec moi au milieu des vicissitudes de l’existence d’un soldat. Seigneur Fabiano, il ne me reste pas un ami ; vos sourires ont aliéné de moi le cœur de mes concitoyens ; et la mort et l’exil ont tellement accablé notre maison par l’influence de la vôtre, que l’on ne trouverait pas dans les murs de Sienne une seule personne de mon nom. A vous seul je puis confier ce précieux dépôt. Voulez-vous l’accepter, jusqu’au moment ou vous le remettrez, soit dans les mains d’un frère, soit dans les mains plus justes de notre Créateur, aussi pur, aussi intact que je le remets dans les vôtres ? Je vous demande protection pour sa faiblesse, sûreté pour son honneur. Voulez-vous, osez-vous recevoir un trésor, en donnant l’assurance de le rendre dans toute son intégrité ? »

Le son de voix bas et touchant du noble jeune homme, et l’éloquence mâle de ses paroles, captivèrent le cœur de tous les assistans. Dès