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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


de faire des paquets de leurs effets. Lorenzo parcourait la chambre, absorbé dans ses pensées ; tout-à-coup il s’arrête, embrasse tendrement l’aimable enfant : — « Où puis-je te mettre en sûreté ? » dit-il, « comment te préserver de tout danger pendant notre séparation, fleur de beauté et d’innocence ?

Flora leva sur lui des yeux alarmés. — « N’irai-je pas avec vous ? » demanda-t-elle. « Je m’occupe des préparatifs de notre voyage. »

— « Impossible, ma très-chère amour. Je vais mener une vie de privations et de périls. »

— « Je voudrais les partager avec toi. »

— « Cela ne peut être, ma bonne sœur. Le destin nous sépare, il faut nous soumettre. Je vais suivre les camps, vivre avec des hommes grossiers, lutter contre des difficultés que je surmonterai facilement, mais qui seraient pour toi d’une nature bien plus dangereuse. Non, ma Flora, je dois te trouver un sûr asile, une protection honorable, et dans cette ville même. » Lorenzo médita encore quelques instans sur le parti qu’il avait à prendre, enfin une pensée le frappa comme un éclair ; « c’est un peu hasardeux, » murmurait-il en se parlant à lui-même. « Cependant je lui fais tort en parlant


III. 12