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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


L’un d’eux s’adressa au comte Fabiano en le nommant ; Flora se recula d’abord involontairement, mais presque aussitôt elle s’avança et se jeta devant les pieds du cheval du comte en criant : — « Sauvez mon frère ! » Le jeune cavalier retint promptement son coursier, réprimanda sévèrement la suppliante sur son imprudence, et sans daigner ajouter une seule parole, il entra dans la cour de son palais. Peut-être n’avait-il pas entendu sa prière, il ne pouvait voir celle qui l’implorait, il avait cédé à un mouvement d’impatience momentané ; quoi qu’il en soit, la pauvre enfant, blessée jusqu’au cœur de ce qui lui semblait une insulte personnelle, s’éloigna en tâchant de retenir les larmes qui coulaient de ses yeux. Quelque temps encore, elle continua sa course ; mais la nuit complète lui ôtait l’espoir de trouver le chemin de la prison, et elle se décida à reprendre celui de sa demeure. Cependant elle avait été si préoccupée, en marchant, qu’elle n’avait point remarqué la route qu’e le parcourait, et il lui fut impossible de se reconnaître. La peur, une extrême lassitude, se joignirent à ses autres peines, et des pleurs amers baignaient son visage tandis qu’elle errait ainsi, désespérant de