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LES SALMIGONDIS.


qu’un marbre. Son jeune cœur se remplit d’une terreur qui lui ôtait la force de parler. Elle ne pouvait se représenter clairement ce qu’elle craignait, mais cette idée indistincte lui causait une indicible horreur. Lorenzo était en prison, le comte Fabiano l’y avait fait conduire, il devait mourir !… Accablée par de telles nouvelles, elle demeura quelques minutes incapable de prendre aucune résolution ; cependant, surmontant avec effort cette influence décourageante, sans répondre aux questions qui lui furent adressées, sans proférer un mot de plainte, elle sortit, descendit rapidement le haut escalier et se dirigea d’un pas rapide vers la prison. Elle savait de quel côté de la ville elle devait la trouver ; mais il était si rare qu’elle sortit de son logis, qu’elle se perdit bientôt dans le labyrinthe des rues, et finit par marcher à l’aventure. Épuisée de fatigue, hors d’haleine, elle s’arrêta devant le portail élevé d’un magnifique palais. La place était entièrement déserte ; le crépuscule fugitif d’une soirée d’Italie, se changeait en profondes ténèbres. En ce moment l’éclat d’une multitude de flambeaux se répandit sur la rue ; une troupe de cavaliers parut ; elle les entendit rire et causer gaiement ensemble.