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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


manda à grands cris son jugement et sa mort.

Loin de cette scène de tumulte et de sang, dans sa pauvre, mais tranquille chambre, à l’autre extrémité de la ville, Flora, occupée de sa broderie, songeait en travaillant aux projets de son frère, et le voyait déjà revenir victorieux. Les heures s’écoulaient cependant, et Lorenzo n’arrivait point ; le jour baissa, il ne parut pas encore. L’imagination active la jeune fille forgeait mille causes de délai ; son frère par ses prouesses avait pu ranimer le zèle des partisans de leur famille ; sans doute il assistait à un festin avec eux, ou bien ils s’occupaient tous ensemble à poser la première pierre pour rebâtir leur palais ! Enfin, un bruit confus de voix féminines et de pas précipités sur l’escalier, l’obligea de se lever toute émue ; elle ouvrit la porte à l’appel glapissant de quelques voisines ; elles entrèrent ; la terreur était peinte sur leur visage ; leurs paroles sortaient de leur bouche avec la rapidité d’un torrent, leurs gestes énergiques aidaient à en faire comprendre le sens ; et Flora apprit, non sans difficultés au milieu de cette confusion, le désastre et l’emprisonnement de son frère, le sang versé par lui et la fatale issue que devait avoir son procès. Flora devint aussi froide