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LES SALMIGONDIS.


ment regarda avec un sourire de protection le jeune homme pauvrement vêtu, pauvrement monté, qui se présentait pour entrer en lice contre lui. Mais avant que les gages fussent échangés, le nom de son adversaire lui fut révélé, et dès ce moment, cette haine invétérée, ce désir de vengeance, qu’on lui avait inculqué dès l’enfance comme des sentiments religieux, se réveillèrent dans le cœur du noble Siennois avec une terrible énergie.

Il tourna la bride de son cheval, courut vers son compétiteur et lui ordonna de sortir à l’instant de l’arène, et de ne plus troubler les divertissemens des citoyens par l’odieuse présence d’un Mancini. Lorenzo répondit avec une amertume au moins égale, et Fabiano, emporté par la colère, réunit ses suivans pour chasser le jeune homme avec ignominie hors des barrières de la lice. Une troupe formidable menaçait le fils du proscrit, mais le nombre de ses assaillans eût été doublé que Lorenzo les eût attendus de pied ferme. Plusieurs tombèrent sous ses coups avant qu’on l’eût désarmé et fait prisonnier ; mais sa bravoure, loin d’exciter aucune admiration parmi les spectateurs, n’attira que des exécrations. Il fut traîné en prison, et le peuple de-