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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

Deux ans se passèrent pendant lesquels le frère et la sœur jouissaient, dans l’obscurité et la pauvreté, des biens les plus doux de la vie, une affection mutuelle, un honneur sans tache et de flatteuses espérances. Si jamais une pensée inquiète faisait froncer le sourcil de Lorenzo elle concernait la destinée future de Flora, dont la beauté enfantine annonçait déjà ce qu’elle serait dans son parfait développement.

Pour l’amour d’elle il se hâta d’exécuter le plan qu’il avait formé depuis long-temps, de tâcher de ressusciter son parti dans Sienne, et de chercher à cet effet, au lieu de l’éviter, une rencontre avec le jeune comte Fabiano, sur la ruine duquel il espérait s’élever : le comte Fabiano, les délice de ses concitoyens, cité comme le modèle des cavaliers accomplis, orné des qualités les plus brillantes, qui par son esprit, son aimable gaieté, ses manières engageantes, les graces de sa figure · aurait obtenu l’admiration, l’amour de tous ceux qui l’entouraient, même sans le hasard de sa naissance.

Ce fut un jour de fête publique que Lorenzo résolut de se présenter comme rival de Fabiano. Sa personne était inconnue au comte, qui, dans tout l’orgueil d’un élégant et riche accoutre-