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LES SALMIGONDIS.


cevait encore un degré de douceur de la différence des sexes. Naturellement disposé à l’indulgence, à la bonté, envers toute créature faible, sans appui, il prodiguait à Flora les attentions les plus délicates : il la traitait comme si elle eût été une princesse élevée sous des lambris dorés.

Son costume était simple, il est vrai, mais elle pensait qu’il convenait à une demoiselle modeste de se vêtir ainsi. Ses ouvrages à l’aiguille semblait sortis de la main des fées ; et sous la tutelle de son frère elle était devenue réservée, sédentaire, laborieuse, parce qu’il lui disait toujours que telles étaient les vertus que l’on exigeait de son sexe. jamais aucune idée de pauvreté ou de dépendance, n’était entrée dans son esprit. Si Lorenzo eût été le seul être humain qui l’eût approchée, sans doute elle aurait pu se croire l’égale des premières dames de la ville ; mais les domestiques, et quelques femmes des classes les plus humbles de la société, avec lesquelles sa position la mit en contact, la lui firent connaître, et en même temps tout ce qu’elle devait à la bonté sans égale de son frère, qu’elle révérait comme un être au-dessus de l’humanité.