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LE FRÈRE ET LA SŒUR.


Lorenzo ne possédait pas un pouce de terre dans les murs de la cité. Les murmures de la haine populaire suivaient partout ses pas, et partout les honneurs rendus à ses ennemis et le pouvoir sans bornes qu’ils exerçaient, offusquaient sa vue. Toutefois, telle est la bizarrerie du cœur humain, il n’aurait pas quitté l’obscure et misérable existence qu’il traînait sur le sol qui l’avait vu naître, dans l’espoir de devenir l’un des courtisans les plus favorisés de l’empereur.

Regagner l’affection de ses concitoyens, et humilier l’orgueil de ses ennemis, c’était là le but de tous les projets qui répandaient quelque douceur sur ses heures solitaires. Il prit la résolution de consacrer sa vie a l’accomplissement de ces projets et ne douta point qu’ils ne dussent enfin réussir. Le chef actuel de la maison des Tolomei n’avait que deux ans de plus que lui, et il imagina que la providence le favorisait en lui donnant un adversaire contre lequel il pouvait lutter a armes égales, si jamais l’occasion s’en présentait. Le comte Fabiano dei Tolomei était regardé comme un cavalier de la plus haute espérance et Lorenzo pensait avec joie qu’il avait en lui un noble antagoniste. Il