Page:Le Salmigondis tome 3 1832.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
LES SALMIGONDIS.

amoncelées restaient comme un monument de l’abaissement de sa famille. Mais Lorenzo ne les voyait pas sous cet aspect. Souvent, à la nuit, quand les étoiles du ciel étaient les seuls témoins de son enthousiasme, il grimpait sur la partie la plus élevée de ces décombres, et passait de longues heures, rebâtissant dans sa pensée ces murailles dévastées, et consacrant de nouveau à une noble hospitalité, aux douces jouissances domestiques, le foyer maintenant couvert d’herbes parasites. Au milieu de ces vestiges d’une grandeur passée, il croyait respirer un air embaumé ; le souvenir de ce qu’avaient été ses ancêtres, l’idée de ce que pourraient être un jour ses descendans, remplissaient son cœur d’un délice inexprimable.

Cependant, si les illusions de son imagination ne l’eussent pas trompé sur sa véritable position, il eût compris que sa ville natale était le seul lieu du monde où son ambition ne pouvait se flatter d’aucun succès. Les Tolomei régnaient en despotes dans Sienne. Ils avaient conduit ses citoyens à la victoire, ils les avaient enrichis des dépouilles de l’ennemi ; leur nom était adoré, et, pour les flatter, la populace était toujours prête à maudire le nom de Mancini.