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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

Ugo répétait sans cesse : Je meurs parce qu’ils m’ont exilé ! Enfin, ces tristes mots devinrent une vérité, et l’infortuné succomba sous les coups de la destinée. Lorenzo reçut le dernier soupir de son père bien-aimé, de son père qu’il chérissait comme une mère chérit l’enfant débile qu’elle a soigné depuis sa naissance jusqu’à sa mort prématurée. Il crut ensevelir dans l’obscur tombeau d’Ugo Mancini tout ce qui méritait d’être honoré sur la terre, et s’éloignant lentement de ces restes précieux, il regretta profondément la triste occupation de tant d’années. Il aurait, sans hésiter, échangé pour le lit de douleurs sur lequel toutes ses affections, toutes ses pensées s’étaient jusqu’alors concentrées, cette liberté isolée, à laquelle il n’attachait aucun prix.

Cependant, le premier usage qu’il fit d’une liberté si chèrement achetée, fut de retourner à Sienne avec sa petite sœur. En entrant dans sa ville natale, il crut entrer dans un paradis ; bien qu’elle ne pût avoir d’autres charmes à ses yeux que ceux qui lui étaient prêtés par son imagination. Pas un ami, pas un parent, ne lui restaient dans ces murs. Suivant l’usage barbare du temps, le palais de son père avait été rasé, et ses ruines