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LES SALMIGONDIS.

de sa position. Son air était calme et grave, mais non soucieux ; ses manières modestes, sans bassesse ; sa voix avait une douceur féminine, mais dans son regard brillait une héroïque fierté.

Cependant le malheureux Ugo allait déclinant de jour en jour et tous les instans de Lorenzo étaient consacrés à consoler, à servir son père. Il était infatigable dans ses soins attentifs. Ses membres étaient toujours agiles, son esprit lui fournissait toujours des paroles encourageantes. Son unique plaisir, dans les intervalles de calme du pauvre malade, était d’entendre de sa bouche les louanges de leur ville natale, et l’histoire des griefs que de temps immémorial les Mancini avaient eus contre les Tolomei. Bien qu’il fut doué des plus nobles qualités, Lorenzo était Italien, et comme tel, l’amour de sa patrie, la haine des ennemis de sa famille dominaient toutes les autres passions dans son cœur, où la solitude, l’absence totale de distraction leur avait fait prendre une énergie plus qu’ordinaire. Tandis qu’il veillait près du lit paternel, son esprit se plaisait à rêver son retour dans son cher pays, à songer à la vengeance qu’il pourrait alors exercer contre les oppresseurs, les assassins de son père.