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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

leur père, que pour vaquer aux soins que son état exigeait.

Une haine violente pour ses ennemis, un ardent amour pour sa ville natale, étaient les sentimens qui remplissaient constamment l’ame de l’infortuné proscrit. Il les implanta dans l’imagination active de son fils, où ils se développèrent avec une force singulière. Lorenzo Mancini n’avait que douze ans à l’époque de l’exil de son père, et ses pensées se reportaient avec une tendresse bien naturelle vers ce lieu où il avait passé une si heureuse enfance, au milieu des soins les plus empressés, des sourires toujours prodigués à la grandeur, de toutes les douceurs que donne l’opulence. Maintenant quel affligeant contraste ! Le dénûment, la solitude, le spectacle continuel des souffrances paternelles, l’obligation prématurée de s’occuper des besoins d’une famille, tout contribuait à jeter un sombre voile sur sa destinée présente.

Lorenzo, l’aîné de sa sœur de plusieurs années, devint l’économe de la maison, la garde-malade de son père, l’instituteur, le guide de la petite Flora. Mais l’esprit énergique de ce jeune homme, loin d’être abattu sous le poids de soins si sérieux pour son âge, s’éleva au niveau