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LES SALMIGONDIS.

un courage presque au-dessus de l’humanité, il ne succomba sous le poids de ses maux corporels que lorsqu’un refus désolant repoussa ses demandes. Ce fut sur un lit de douleur qu’il ne devait plus quitter, qu’il reçut la nouvelle de son bannissement et de la confiscation de ses biens. On lui renvoya ses deux enfans, destinés à partager sa misère ; sa femme n’existait plus, et ils formaient à eux seuls tout ce qui restait de sa famille. En ce moment, leur présence ne pouvait qu’ajouter à l’amertume de ses sentimens ; toutefois les émotions violentes qui l’agitaient auraient pu s’appeler encore du bonheur, en comparaison de ce qui les suivit, la privation totale d’espérances, jointe à l’inaction dévorante de la maladie et de la pauvreté.

Pendant cinq mortelles années, Ugo Mancini resta sur sa misérable couche, alternativement en proie à des douleurs atroces, ou plongé dans l’engourdissement de la faiblesse. Le revenu d’une petite ferme qu’il possédait hors du territoire de Sienne, suffisait à peine à sa pure subsistance. Tous ses suivans et serviteurs furent obligés de chercher ailleurs des moyens d’existence, et il demeura seul avec ses maux et ses deux enfans, qui n’abandonnaient le chevet de