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LE FRÈRE ET LA SŒUR.

Aussi a-t-on vu plus d’un proscrit hasarder sa vie, comme Foscari de Venise, pour revoir sa patrie un seul moment. D’autres, ne pouvant rentrer dans son enceinte sacrée, s’en écartaient le moins possible, afin de profiter des chances favorables qui pouvaient se présenter pour leur rappel.

On se battait dans les rues de Sienne depuis trois jours et trois nuits. Le sang inondait le pavé, les gémissements des blessés, des mourans excitaient leurs amis à les venger, au lieu d’inspirer à tous le désir d’épargner les vaincus. Enfin, le matin du quatrième jour, Ugo Mancini, avec un petit nombre de ses partisans, fut chassé de la ville. Des secours de Florence, subitement arrivés à ses ennemis, avaient assuré leur triomphe. Brûlant de rage, torturé par une soif de vengeance impuissante, Ugo parcourut les villages environnans pour tâcher de les soulever, non contre sa ville natale, mais contre les victorieux Tolomei. Ses efforts ayant été infructueux, il se décida à la démarche équivoque d’implorer le secours des armes des Pisans. Mais Florence tenait Pise en respect, et le proscrit ne trouva qu’un obscur asile où il espérait gagner d’utiles alliés. Il avait été grièvement blessé dans les derniers combats ; mais, soutenu par