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de l’abeille ne le bercera plus dans son sommeil ; ces eaux jaillissantes, ces fleurs balsamiques ne le réjouiront plus par leur fraîcheur et leurs parfums. Laisse-moi, ma mère, son cœur est froid, le mien ne sera plus animé par l’espérance ou la joie. Va reposer sans moi dans notre cabane. J’irai à la grotte de la Vierge, je veux la prier de me réunir à celui que j’ai perdu. »

En achevant ces mots elle se leva, et Maraka la conduisit en silence à un enfoncement dans les rochers non loin de la fontaine. Un autel rustique, orné de fleurs, sur lequel brûlaient deux cierges devant l’image de Marie, occupait le fond d’une grotte qui ouvrait sur une petite esplanade couverte de mousse ombragée d’arbres dont les branches descendaient jusqu’à terre. Là, chaque jour Aimée avait coutume d’implorer la protection du ciel ; là, elle vint dans sa douleur profonde chercher les seules consolations qu’elle pouvait recevoir. Le crépuscule du matin la trouva encore prosternée à cette place ; mais sa bonne nourrice, qui la surveillait de loin, s’approcha d’elle et la conjura de la suivre dans leur cabane. À la vue des pleurs qui baignaient le visage de celle qui lui avait servi de mère, Aimée