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le sein de Maraka : « ma bonne mère, emmenez votre pauvre fille dans notre île, et qu’il y soit porté aussi, lui, afin que nous puissions reposer ensemble dans le même tombeau. » À peine ses lèvres achevaient de prononcer ces paroles, qu’elle perdit l’usage de ses sens et resta sans mouvement dans les bras de sa nourrice, aussi pâle, aussi glacée que celui dont elle déplorait la perte.

Pendant quelques minutes, les spectateurs de cette scène tragique, pénétrés de compassion et d’horreur, gardèrent un silence imposant ; mais bientôt du Plessis, repoussant les remords qui venaient l’assaillir, s’avança vers la litière, et donna à ses gens l’ordre d’enlever le corps de Bougainville et de le porter au château. Les Indiens ne firent aucune résistance ; Gaston suivit les restes de son maître pour lui rendre les derniers devoirs, et du Plessis, laissant Aimée évanouie avec ses amis, accompagna le funèbre cortège. Aussitôt que Maraka eut entendu le pontlevis se relever et les séparer de leurs persécuteurs, elle plaça Aimée sur la litière, et l’emporta, à l’aide de Yakou, sous l’ombre de la forêt, qu’ils longèrent pendant quelque temps parallèlement