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puis retomba dans son assoupissement léthargique. Le cœur d’Aimée battit d’espoir et de reconnaissance. Elle crut voir le présage d’un heureux succès, le gage de la protection du ciel dans ce léger signe de connaissance. On plaça le malade sur la litière que les deux hommes emportèrent. Maraka les précédait, et la jeune fille, les yeux fixés sur son cher Eugène, marchait à côté de lui. Ils passèrent le pont, et traversant l’espace qui les séparait de la forêt, ils allaient entrer sous son ombre protectrice, quand leur marche fut arrêtée par trois personnes qui leur barrèrent le passage. Aimée reconnut à l’instant la grande et sinistre figure que trois fois elle avait vue sur son chemin. Les plumes tombantes de son chapeau formaient une ombre qui empêchait de distinguer ses traits ; mais il se découvrit et la considéra d’un air sévère. C’était le frère d’Augustin du Plessis ! elle poussa un faible cri et jetta ses bras au-dessus de la litière comme pour protéger son amant.

— Ton amour ne peut le défendre contre les lois qui le poursuivent ! » s’écria du Plessis. « Honte à celle qui se glorifie de sa tendresse pour un meurtrier, un déserteur ! Ton sexe, ta beauté