Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

moins que tout autre, en confiant inutilement mon projet. »

En ce moment la voix des religieuses qui commençaient l’office du soir se fit entendre. Aimée tressaillit, et se hâta de sortir ; le père Clément la suivit. « Ma fille, » disait-il, « refuseriez-vous de faire part de vos desseins à votre directeur spirituel ? Malgré les conseils de votre meilleur ami, voulez-vous, en vous éloignant de ces murs à cette heure, vous exposer aux dangers de la nuit, peut-être à l’insulte, au lieu de joindre vos prières à celles de vos anciennes protectrices ? »

— « N’affaiblissez pas mon courage, mon père, j’ai besoin de toute ma force pour le sauver. Si le dernier effort que je tente est sans succès, je m’engage solennellement devant Dieu et la sainte Vierge à revenir prononcer les vœux qui m’attacheront pour la vie à ce monastère. Parlez-moi, mon père. Je n’ose vous quitter sans avoir recouvré votre bienveillance. »

Le vieillard la regarda pendant quelques instans en silence ; ses traits exprimaient la tristesse, le reproche, une affection paternelle.