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— « Pourquoi, ma fille, après un retour volontaire, abandonnâtes-vous une seconde fois cette sainte maison ? »

— « Ma bonne nourrice craignant que sa mort ne me laissât sans protection, dans un âge où je ne pouvais me suffire à moi-même, me ramena un soir à Montréal, et me déposa dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu, où vous savez que les sœurs me retrouvèrent. Quelques années après elle vint me chercher, et je n’hésitai pas à la suivre ; mais je sentis bientôt le besoin de revoir celles à qui je devais tout, celles qui m’avaient appris à connaître Dieu, à le servir. Je voulus un jour venir faire mes dévotions dans notre église, et mêlée à la foule, voir mes anciennes amies sans en être vue, puis retourner dans ma retraite. Il en advint autrement, je cédai aux douces prières des sœurs, et quand je vis pour la première fois Bougainville, » continua-t-elle en rougissant et en versant d’abondantes larmes, « je commençais à aimer la tranquillité du cloître, à penser que je pourrais y vivre heureuse. Il fit changer tous mes sentimens, tous mes projets ; ma dévotion devint encore plus ardente lorsque j’eus à remercier le ciel de m’avoir fait connaître