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ce matin, et l’on croyait alors que sa dernière heure n’était pas éloignée ; mais je craignais encore, avec tous ceux qui s’intéressent à lui, qu’il ne pût guérir pour subir une destinée bien plus cruelle que la mort. »

— « Le ciel est plus compatissant que les hommes ; il le sauvera de l’ignominie à laquelle il serait condamné s’il vivait. »

— « Peut-être, mon père, le croyez-vous coupable des crimes dont il est accusé ? »

— « Je crois que ses passions mal gouvernées l’ont entraîné à des folies de jeunesse ; mais je le crois innocent de tout acte, de toute pensée de trahison envers son roi et son pays ; bien plus, je le crois aussi sincèrement dévoué à l’un et à l’autre que l’était ce Montcalm, ce généreux guerrier qui se réjouit de mourir lorsqu’il apprit que l’ennemi triomphait. »

En ce moment le frère Ambroise rentra, et dit que Bougainville existait encore ; mais que l’on ne supposait pas qu’il pût passer la journée. « Dieu l’assiste dans ce terrible passage, » dit le père Clément en faisant le signe de la croix. Après quelques minutes employées par les trois personnages à prier tacitement, le jeune