Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus que l’on ne découvrit sa protégée. La conséquence la moins fâcheuse de cette découverte eût été la perte de ses appointemens.

« Peu m’importe cela, » disait-il, « tant que j'aurai de la santé , de la jeunesse et que des bâtimens flotteront sur la mer, je ne saurais manquer de rien. » Mais ses camarades pouvaient perdre leur paie pour avoir gardé son secret et cette idée le troublait davantage ; toutefois il s’en consolait encore en pensant que la bourse de ces braves gens serait bientôt vide après qu'ils auraient débarqué, tandis que le souvenir d'une bonne action, trésor qui ne pouvait s'acheter avec de l’or, leur resterait toute leur vie.

Mais il avait une seule crainte contre laquelle sa philosophie ne lui fournissait aucun antidote. Il était sûr, d’après le caractère de son capitaine, qu’il croirait de son devoir ou qu’il aurait la volonté de rendre la fugitive à son premier maître du Maryland s’il la découvrait sur son bâtiment. Malgré son peu d’expérience , Frank savait que pour bien des gens le devoir est un terme synonyme de la volonté. Il n’oubliait donc aucune précaution, aucun soin pour éviter tout ce qui aurait pu amener la découverte de son secret.