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Ma sœur et moi, nous avions une si mauvaise réputation, (on nous appelait les deux putains) que je vis bien que je n’avais qu’un seul moyen pour me mettre à l’abri de la misère : aller dans un bordel avec toutes les filles des rues, ou faire la putain en chambre comme ma sœur.

Donc le métier de putain était mon unique ressource. Je ne pouvais sortir de là.

Pour le rendre plus lucratif, moins fatiguant et plus agréable, autant que ce triste métier peut avoir de l’agrément, tous les jours je m’exerçai devant la glace à prendre des poses vicieuses, obscènes propres à retenir les pratiques et les engager à revenir.

Un soir surtout, j’étais si satisfaite de mes essais, de mes longues expériences, que j’allais m’étendre sur le lit et me branler, lorsque j’entendis causer au bas de ma porte. C’était deux messieurs qui disaient à haute voix :

— Avoir passé une si bonne journée et ne pas trouver une femme, une fille pour la finir !… Non de Dieu c’est embêtant !…

Saisissant la balle au bond, je profitai de l’occasion. Je passai une robe et je descendis comme pour sortir.

Arrivée en bas je fus arrêtée par ces deux êtres à-moitié saouls, qui me serrèrent de près, me prenant, m’enlaçant devant, derrière. Pendant que l’un me tenait par les tétons,